Je me souviens même de la scène de boulard entre Genesis et Amélia . Gros pervers que je suis .

Ce que j’appréciais jusqu’ici, c’était surtout les petits écarts, ceux qui ne bouleversaient pas le récit et qui permettaient notamment d’approfondir la psyché de Zack.

Là, j’adore vraiment totalement ce que je lis. Tu explores moult thèmes, pistes. Tout paraît extrêmement cohérent et à sa place. Cohérent car tout ce que tu mets en place dans des scènes inédites est crédible. Chaque personnage est ce qu’il est, et tous ceux qui sont censé évoluer le font avec une justesse qui se caractérise dans ton récit. C’était relativement bien fait dans Crisis Core - je le reconnais - mais je trouve que ta patte apporte quand même beaucoup et fluidifie les points nécessaires sans les surligner à outrance.

De souvenir, les personnages qui évoluent le plus dans Crisis Core pour devenir les avatars qu’on connait sont Tseng, Aerith, Zack (même s’il fait figure d’apparition dans l’original), Sephiroth et Cloud. Autant dire que je ne suis pas déçu par les concernés jusqu’ici.
Y’a pas un passage que je n’ai pas aimé depuis que j’ai continué après Banora.

Déjà, gros gros plus pour Sephiroth qui, pour ma part, brille totalement. On sent vraiment la complexité du personnage, par des petites actions de sa part. Un sourire en particulier peut en dire aussi long sur sa psyché qu’un long monologue intérieur de Zack.

Et je trouve ça assez fort ce pari de faire évoluer deux personnages l’un par l’extériorisation dans le récit (Zack se contient beaucoup à ce moment de l'histoire mais il n'en reste pas moins impétueux et très expressif sur ce qu'il pense des autres) et l’autre par l’intériorisation aux yeux du spectateur. Si on ne cherche pas à comprendre le personnage ou si on lit en diagonale, un simple rictus peut paraître pour de la malice alors qu’il renferme quelque chose de plus fragile.

Je n’en avais pas parlé ni ici ni sur mon parcours de FF7 Remake, mais je n’appréciais pas simplement Sephiroth avant FF7 Remake. Pour moi, c’était un personnage avec une intelligence dans sa mise en scène. Plus il brillait par son absence, plus il en sortait grandissant. Et même quand il devenait enfin « jouable », c’était une figure inatteignable. Et Sephiroth, c’était pour moi un personnage beaucoup trop en retrait, absent. On ne savait pas grand-chose de lui hormis que c’était un mythe. Mais rien n’expliquait sa perte de repères à Nibelheim. Il y avait une part de mystère et ça faisait son charme.

Malheureusement, d’être tellement extérieur à un personnage volontairement surhumain, ça m’avait dérangé niveau immersion.

Là, je trouve que comme Crisis Core tu cernes vraiment le juste milieu de ce qu’est Sephiroth : Un être né exceptionnel, qui se sait ainsi et qui fait tout pour le rester. J’aime beaucoup d’ailleurs comment il se sent prisonnier de sa condition. Il est conscient d’être un pion du Président Shinra, d’être la chose fantasmée, le jouet d’Hojo. Il a de quoi renverser un empire mais il accepte de rester humble en toutes circonstances. En ce sens, son sang-froid face à toutes ces intolérances glace vraiment le sang, ce qui, j’imagine, rendra son pétage de câble bien plus impactant.
Il a certes quelques caprices (justifiées) mais il reste un chien de la Shinra, professionnel et compétent avant tout.

J’ai bien aimé d’ailleurs le petit échange avec Lazard, Hojo et ce dernier. Hojo est très très bien écrit je trouve, on se replonge totalement dans le perso, ses vices, ses tics. Lorsque Lazard essaie de le défaire de sa condition, j’ai trouvé ça triste mais beau que Sephiroth reste exigeant avec ce qu’on attend de lui (par exemple les médisances d’Hojo à son égard suite à l’entraînement surhumain), quand bien même il est au-dessus de la mêlée. Le fait qu’il n’aspire à rien, qu’il entrevoit tout par le prisme du combat ne rend pas le personnage vide, au contraire. Je trouve que ça conforte beaucoup le caractère fataliste du personnage qui se perdra dans cet excès, là où il demandait juste des choses simples comme du respect (et non pas cette fausse admiration que les gens idéalisent à cause de son titre et ses exploits). Tout SOLDAT veut se retrouver un jour à côté de Sephiroth, se reprocher de lui, signe d’un accomplissement enfin atteint. Mais personne ne veut véritablement être son camarade.

D’ailleurs, chose intéressante en parallèle de Sephiroth : les SOLDATs ne font QUE s’entraîner durant leur temps libre. En soi, je ne trouve pas ça étonnant que ces gens ne « vivent » pas. La rigueur militaire qu’on leur impose est telle qu’ils sont prisonniers dans un moule, une formalisation pour rejoindre les plus grands. J’ai trouvé ça assez pertinent de forcer le trait sur leur manque d’interaction sociale (les faux-cul, les envieux, les banalités qu’ils te sortent en dialoguant). Certes, le trait est un peu grossier, mais je trouve que cela fait plutôt sens car devenir SOLDAT, c’est un peu une course dans la hiérarchie pour s’élever. Et finalement, entre toutes ces affectations, peu ont le temps de développer des relations sociales. En tous cas, j’aime bien le distinguo fait entre les SOLDATs et les Turks, qui, eux, remplissent un boulot bien plus sale mais qui n’ont pas d’état d’âme pour aller en permission. Turks qui, d’ailleurs, sont souvent montrés comme étant beaucoup plus solidaires entre eux. Ce sont les monstres aux yeux du SOLDAT par leurs actions méprisables pour le compte de la compagnie, mais paradoxalement, ce sont probablement parmi les plus humains de la Shinra. La compassion et l’orgueil vont souvent de pair avec eux.

D’ailleurs, c’est ce que j’ai ressenti en découvrant pour la première fois les Turks dans ton récit : une petite famille, un électron libre au sein de la Shinra, mais peut-être la « famille » la plus fonctionnelle sur le plan humain dans cette organisation dysfonctionnelle. C’est aussi parce qu’ils sont les pions du chaos qu’ils vivent cette « panique » dans la ville (suite à l’assaut de Genesis) comme une banalité de la vie, là où les SOLDATs sont en partie tiraillés par leur statut particulier (vitrine pour le merchandising et la propagande mais aussi machines à tuer, d’où cette dissonance aux yeux de certains comme Zack).

J’aime beaucoup la progressive déchéance de Zack à ce niveau-là. Il comprend qu’il se retrouve dans un monde qu’il ne comprend pas, et qui ne le comprend pas non plus. A ce jour, seul Angeal, seule cette relation amicale mentor – élève lui donnait ce peps. Zack semble vraiment dévitalisé par ce manque de considération, cette perte de repères. On a aucun mal à comprendre l’amère déception de devenir 1ere Classe dans ces conditions, surtout pour devenir le nouveau 1ere Classe de substitution, c’est-à-dire le bouche-trou pour pallier aux caprices des autres. Pire, on respecte les sentiments de Sephiroth, mais pas les siens.

Petite aparté : J’étais curieux et sceptique au départ que le Président Shinra développe la branche du tourisme dans une contrée qu’il vient de mettre à feu et à sang. Mais finalement, ce manque d’éthique est vraiment à la hauteur de la Shinra : Imposer sa suprématie militaire et humilier un peuple en violant ses codes d'honneur.

Rien à voir sinon, j’aime bien le petit clin d’œil à Avalanche qui n’est qu’un simple groupuscule aux yeux de la compagnie à ce moment, mais est-ce que tu t’es intéressé au background de Before Crisis pour développer cette partie dans ton roman ?

Pour revenir à Sephiroth, ce que j’aime dans ton récit, c’est qu’on se ressent ce savoir-faire, cette puissance grandiloquente qui ne connait aucune limite. Encore une fois, son sang-froid, sa maîtrise au combat, ses capacités hors normes se ressent vraiment et c’est un « plaisir » de voir que malgré sa marge de progression, Zack n’est en rien d’égaler son frère d’arme. Néanmoins, c’est plus sur le plan sentimental que les comparses deviennent petit à petit en concordance, le fait d’avoir des amis communs, d’avoir des valeurs communes. Proches l’espace d’un instant, mais quel instant !

Bel ajout pour la scène de la torture. Je l’ai trouvé sobre. Pas dans la violence psychologique qui est bien là. On a vu quelques écarts de Sephiroth, un peu plus tôt, laissant entrevoir une sensibilité, une fragilité probable, mais lorsqu’il s’agit de redevenir un SOLDAT, il change de comportement et redevient cette figure inflexible. Et il le montre bien. Il impose sa puissance, la peur. Et la bonne trouvaille, je trouve, c’est d’avoir une écriture sobre. Tu aurais pu notamment développer le dégoût, la peur, l’horreur. On ressent la maîtrise implacable de Sephiroth qui conduite d'une poigne ferme cet interrogatoire, le tiraillement de Zack et les doutes sur la folie meurtrière de son camarade, ou la peur mutique de la copie de Genesis qui sait son temps compté jusqu’à l’inexorable.
Les phrases sont beaucoup plus courtes, moins détaillées. Les pensées intimes des personnages moins développées. Et je trouve que ça contribue totalement à la réussite de cette scène. Je ne dis pas qu’épaissir la narration aurait été un mauvais choix mais que la réduire était aussi audacieux que réussi.

Et la petite soufflante de Sephiroth à Zack juste après m’a vraiment glacé : toujours le bon ton pour recadrer, pas de copinage futile. C’est le retour des doutes de Zack mais je trouve ça bien amené parce qu’on sent cette passation entrain de voir le jour. Initialement, il souhaitait obtenir le respect d’Angeal. Maintenant, Zack bifurque et commence petit à petit à vouloir obtenir celui de Sephiroth réciproquement.

Scène de chaos et de panique dans la ville très agréable à lire. Belle immersion. Je n’ai franchement pas aimé les Turks pour ce qu’ils dégageaient. On sent vraiment qu’il y a une errance dans la communication entre les services, entre les grades dans la Shinra d’où cette dysfonction après le départ d’élements forts (Angeal, Genesis, les déserteurs, Sephiroth qui n’en fait qu’à sa tête). Et j’ai bien aimé ne pas apprécier ces Turks justement. Parce que compte tenu de tout cela, on comprend que Zack joue sur leurs plates-bandes. Malgré tout, j’aime les voir maîtres de la situation même quand tout va mal, comme s'il s'agissait de leur quotidien..
Sinon, encore une fois, que dire si ce n’est que l’immersion avec Zack est totale ? On est dégoûté, blasé, interloqué quand il l’est, et on est heureux quand un regain d’espoir voit le jour notamment avec le plan de Sephiroth au Réacteur 5.

D’ailleurs, en parlant d’immersion, j’aime quand on a ce genre de détails. Je trouve ça véritablement important de comprendre le contexte et que nos sens soient presque tous exercés juste à la lecture. Ta vision du réacteur est vraiment celle que j’en ai et je trouve que tu ne loupes rien pour donner l’impression d’y être : la chaleur oppressante, l’odeur de Mako acide et brûlant les poumons etc. Plus cette impression pour Zack de voguer à l'aveugle dans un dédale de métal, dans un œsophage qui n’est en rien organique mais qui fait sens avec l'idée qu'on a de la Shinra de l'intérieur : une hiérarchie mécanique, carrée mais où s'y engouffrer devient un calvaire. Pour rappel, ces réacteurs fonctionnent sans technicien sur place dans les jeux, ça en dit long je trouve mine de rien.
Je sais que je vais un peu loin pour ce qui est juste un chapitre très descriptif sur l'environnement de Zack, mais je peux pas m'empêcher de me dire que c'est une vision logique de la Shinra quand on voit la gestion et les relations au sein de son siège. xD

C’est tout con mais je trouve ça important qu’on se pose la question de qu’est-ce qu’on ressent en présence d’une Mako pure. Car c’est le genre de choses pas forcément traité dans les jeux (on insiste un peu pour dire qu’elle a une odeur particulière) et auquel on ne se questionne pas forcément. J’ai pas souvenir que tu avais mis autant d’énergie à décrire la « sensation » d’un lieu depuis le début. Peut-être que parce qu’une forêt, une ville, ça nous parle davantage qu’un réacteur. Mais en tous cas, j’ai trouvé que c’était un effort d’écriture nécessaire qui permet de vraiment mieux comprendre l’environnement dans lequel évolue son personnage. Et tout détail raconte une histoire mine de rien.

Rien de spécial à dire sur la scène du canon de Junon. Elle est fidèle à mes souvenirs. On y voit les trois compagnons qui mesurent leur complicité à leurs échanges de coups. Genesis, toujours aussi casse-burne avec son Loveless au point d’en saouler aussi Sephiroth. Je dois avouer que je n’aime toujours pas ce personnage, je trouve son obsession vraiment déplacée.

Sinon, de manière générale, j’aime beaucoup comment Sephiroth aime être challengé par des adversaires de renom, comme s’il s’agissait d’un jeu, s’en sachant lui-même victorieux par avance. Et même lorsqu’un duelliste le met légèrement à mal (Genesis à plusieurs reprises), là, ça devient un affront personnel et il n’y a plus de limites. Le divertissement se transforme en un jeu du chat et de la souris, même si malheureusement pour son adversaire, les cartes des rôles ne sont jamais redistribuées.

Et on termine sur la relation Zack - Sephiroth qui s'épaissit progressivement. Sephiroth n'est finalement pas quelqu'un qui juge tout ce qu'il entrevoit par le prisme de la puissance brute ou de la rigueur militaire. Bien sûr que Zack n'est pas un simple troufion, même s'il est loin d'égaler le trio de 1ere Classe, mais il y a un respect qui se dégage pour des aspirations communes, des valeurs. Et c'est bien trop rare au sein de la Shinra. Non, vraiment, très convaincu par l'évolution. J'avais peur que cela soit trop abrupte et que Sephiroth sympathise trop facilement.

Avis un peu brouillon qui va dans tous les sens ou qui se répète. Je n'ai pas forcément trouver le juste milieu.
Quoiqu'il en soit, c'était très intéressant. Je ne m'attendais pas à un tel traitement autour de Sephiroth ni à autant apprécier le personnage. Vraiment beau traitement, j'ai hâte de voir la suite.
Zack un peu plus en retrait dans mes notes mais sa présence plane constamment dans les événements du récit et dans la lecture même lorsque Sephiroth lui vole la vedette.
Je me suis peut-être focalisé sur certains passages également contrairement à mon avis précédent, mais je trouvais ça important car finalement, un récit ce n'est pas une simple idée de plusieurs centaines de pages. C'est un amoncellement d'idées d'intention et de mise en scène qui construisent le squelette de l'histoire. Et en ce sens, j'ai trouvé relativement intéressant de développer le contexte environnemental du Réacteur, la scène de la torture ou la futilité des relations entre SOLDATs, car ce sont ces ruptures de ton qui façonnent réellement ton histoire et lui donnent du corps.

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