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Forum : Test et bande son du jeu Page : 1
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BrosBeforeHoes
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Garde Shinra


Posté le 13 janvier 2012 à 00:44 | Sujet : De l'aspect cathartique de parler et de jouer à FFVII.
À la manière d'un bouquin prétentieux écrite par un égo, je souhaitais faire un avant-propos à cette analyse de Final Fantasy VII.

La motivation de parler de ce qui a été déjà tant débattu peut paraître étonnante à plus d'un point; tout a été dit sur ce jeu, tout a été fait, et les personnes présentes dans cette communauté le savent aussi bien que moi : s'il restait quelque chose à travailler, ça serait fait dans les mois à venir.
Seulement, il y a dans le fait d'écrire ma propre vision des choses un effet cathartique. FFVII, ça fait 15 ans que je me le trimballe. 15 longues année où je l'ai défendu et ai défendu ma vision du jeu vidéo. 15 ans que je me bats contre ces préjugés sur le jeu vidéo. Final Fantasy VII n'a pas élevé le jeu au rang d'art, il a élevé ma propre perception du jeu vidéo au rang d'art. C'est comme un livre que l'on a toujours sous sa table de chevet tout au long de sa vie; celui qui va définir ce que l'on pense et crystaliser nos démons. Pour moi, ça sera "La critique de la raison pure" de Kant, pour d'autres la Bible, pour d'autres encore un ouvrage romancé quelconque.

À partir de ce constat, strictement personnel j'en conviens, le fait d'écrire pour la première fois de manière posée cette vision des choses, me semble être l'aboutissement de toute cette pensée, et quelques semaines parmi vous m'a permis d'achever mon avis sur ce jeu. Car FF7.fr est la démonstration même de ce qui va suivre :
Final Fantasy VII, c'est fini. Il n'y a plus à faire. Plus rien à découvrir. On pourra réfléchir encore longtemps, mais c'est une oeuvre achevée dans son ensemble; il s'agit maintenant de le refaire, la larme à l'oeil ou la nostalgie au coeur, en se remémorant.

Cette nostalgie sera, par ailleurs, le point central de ce qui ne sera pas un test. Mais un déballage ultra personnel et sûrement barbant de cette création à part.

La stratégie de l'entonnoir réclame que l'on compense par l'apparence. Faisons. Il y aura sûrement toujours cet éternel débat entre générations, et toujours ce fantasme du remake HD. FFVII, mais en moderne. FFVII, qui rentre dans l'univers actuel. Histoire de pas le garder qu'à nous et qu'avec les grandes vertus du prosélytisme, nous le partagions avec les plus jeunes rebutés par un aspect graphique déplaisant (tas de cons, ndr)

Mais la question de la beauté foncière du jeu a déjà été abordée trop de fois pour s'en contenter. Il y a à voir la beauté intrinsèque.
Le beau est quelque chose de particulièrement difficile à jauger. Si l'on en parle du canon esthétique, FFVII, et ce même à son époque, ne peut être considéré comme le symbole du beau, tant les canons demandent cette perfection du possible. Si l'on en croit le romantisme, FFVII n'est pas non plus dans le beau. Car si sur bien des aspects scénaristique, la poésie est au rendez-vous (je ne vous citerais que Cosmo Canyon, qui se suffit à soi-même), le level design est volontairement âpre, agressif, droit et carré, et loin du beau, loin de la romance. Midgar est une ville dépravée, dont les habitants ne sont pas des esthètes mais des vivants, dans un monde de verdures et de Montagne. Des roches et de l'herbe. Les Hautes-Pyrénées, mais sans la neige éternel, de grands plateaux où ne subsistent entre eux que des monstres à l'aspect répugnant; des scélérats, des voleurs, qui forment à eux seuls l'ensemble de la population de FFVII. Romantiquement... ça n'est pas romantique.

Mais la force de l'apparence est ici la cohérence. Sur une planète où l'écologie n'est le fait que d'une minorité, que les fleurs ne poussent que là où des descendants d'un peuple plein de sagesse l'ont décidé, l'aspect rêche du level design y trouve une raison d'exister toute faite. Lorsque la Shinra ne devient, au final, plus qu'un prétexte de rassemblement autour d'un ennemi commun, c'est la planète entière qui est menacée par sa propre destruction. Et c'est là que le beau se place. Sa troisième définition, et peut-être celle que j'aime le plus, à savoir ce qui répond le plus à là où il est. Ce beau là fait appel certes à l'émotion, mais en même temps au caractère pré-établi du monde, et c'est là toute sa force. C'est le beau du réalisme, celui de Gabin dans les années 30, et que le cinéma a voulu représenté avec toute sa force pendant plus de 20 ans. C'est froid, c'est vrai, mais c'est tout ce qu'il faut.

La cohérence de FFVII, justement, n'est plus à démontrer. Je ne reprendrais pas mot pour mot ce que disait Acro sur le sujet du scénario, car il est à ce jour le meilleur conteur de cette histoire, mais il s'agira ici de résumer en quelques mots : logique poussée à l’extrême. Là où les autres RPG se contentaient d'établir, avant leur sortie, des sortes de règles tacites de comment devaient se dérouler les histoires, poussant à ne plus se poser de question, Final Fantasy VII met ces mêmes questions sur la table. Hop, papier blanc, on reprend tout à zéro. Pourquoi la magie, pourquoi les invocations, d'où ça vient. Et on place ça dans un contexte précis, et un contexte où les gens peuvent se retrouver.

Ce à quoi va répondre FFVII, c'est à une angoisse d'alors. La nature au-dessus de l'homme, jusqu'à ce que l'homme devient nature. C'est la rivière de la vie, qui est le mélange de l'esprit de l'Homme et de sa propre nature, avec celle de la terre, qui sauvera cette même planète, et par la même, tous les Hommes. On parle souvent de cycle dans cette fameuse "rivière de la vie", mais c'est aussi une réalité effective : après tout désastre naturel, l'Homme se remet à sa place, puis on oublie, et on revient à ce nouveau désastre. FFVII répond à ce cycle là, et à une préoccupation des années 90 : si l'Homme continue, il court à sa propre perte. L'adage cartésien du "Je pense donc je suis" n'est alors plus l'unique mot d'ordre, et FFVII va le retranscrire. Non seulement en apposant cette opposition homme/nature, mais également en lui apportant toute sorte de réponse : devant la volonté de l'homme de dominer, sa destruction est inévitable. Un constat effrayant, et que je ne peux vous donner que maintenant.

Car ça sera l'un de mes derniers paragraphes : la force immense de ce background, c'est sa double lecture. On a tous été plus jeunes (enfin, paraît-il. J'pense que Michel Blanc a toujours été vieux, mais c'est un avis personnel.). Les plus vieux d'entre nous avaient à tout casser la vingtaine d'année quand ils se sont retrouvés embarqué dans FFVII. Avec d'autres préoccupations, d'autres médiatisations, d'autres thématiques. Quand t'es gamin, tu vis l'aventure. Mais tu la vis pas comme on peut le vivre 10 après : la rivière de la vie, c'est un peu pompant, l'écologie, c'est juste un prétexte pour aller taper ces salauds de la Shinra. Finalement, les premières approches, de jeunesse, furent manichéenne. L'ennemi, c'est Sephiroth. puis à la limite, Jenova est pas trop gentil, mais elle n'a pas tant d'importance. Surtout, quand t'es gamin, tu n'imagines pas toutes les ficelles de l'histoire, et tu t'en conviens. Tu vas à la poursuite d'un mec qui veut détruire le monde, pour sauver le monde. Et comme y a plein de jolies cinématiques, des beaux moments, tu vois ça comme un chef d'oeuvre, déjà si jeune. C'est cohérent, c'est une belle aventure, t'as chevauché des autruches jaunes, t'as fait des courses et du snowboard.

Puis y a la deuxième lecture. Celle exposée plus haut. Plus longue, plus complète, et il y a tant de choses à dire et à comprendre que moi-même j'suis pas sûr d'avoir tout compris.

Final Fantasy VII ne propose pas des énigmes insondables comme le fait FFVIII (il est mort Squall ? Linoa, c'est Ultimécia ?). Il propose un tableau profond, précis, cohérent, et peint à la perfection de notre propre société, dans laquelle on évolue afin d'y mesurer tout l'impact de nos actions. FFVII est loin d'être un rêve que tout le monde voudrait vivre. Gamin, je voulais bien un Chocobo pour mon jardin, mais delà à aller avec une grosse épée frapper des gros dragons… disons que je n'étais pas si téméraire. Courageux, mais pas téméraire. Et puis assez désabusé, j'imagine.

Final Fantasy VII est donc, pour finir, un univers entièrement à part. Il n'est pourtant qu'un jeu vidéo. Pas de races, pas de fantaisie. Ce sont juste les hommes, face à eux même et à ce qu'on leur a donné : la liberté, qu'ils baffouent. Aujourd'hui, j'me retourne, je regarde par ma fenêtre et je vois la même chose.

Final Fantasy VII n'est pas mon jeu préféré. Ni même mon Final Fantasy préféré. Ni même mon scénario de Final Fantasy préféré. Finalement, il a plein de défauts. Mais tout ça, ça fait avant tout de Final Fantasy VII un être d'exception.

tldr : FFVII n'est peut-être pas le meilleur jeu de tous les temps. Mais il est sûrement le plus cohérent et accompli de son époque.


Merci à toi, qui m'a lu.
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Acro
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Administrateur


Posté le 13 janvier 2012 à 17:14 | Sujet : De l'aspect cathartique de parler et de jouer à FFVII.
J'ai lu, et j'ai bien aimé, par contre je ne suis pas d'accord sur un point : tout n'a pas été découvert sur Final Fantasy VII, et c'est d'ailleurs l'une de ses forces. Il y a 3 ans, quand le forum a été créé, nous ignorions plein de choses qui ont été découvertes par la suite, et je suis sûr que cela va durer.
Quant à la comparaison avec Final Fantasy VIII et le fait que Final Fantasy VII soit dénué d'intrigues et de théories, je ne trouve pas ça juste du tout, bien au contraire. J'ai beau aimer la façon dont sont décrites les théories sur Final Fantasy VIII, je ne les trouve pas pour autant crédibles, quant à Final Fantasy VII, un petit tour sur la page Mystères te permettra de voir que des théories, il y en a un paquet, et certainement des plus corroborées que celles de Final Fantasy VIII. :-]

  Patch de retraduction de Final Fantasy VII, Néo-Midgar (inclus dans le pack SYW)

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Bibiisted
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Ventre sur pattes


Posté le 13 janvier 2012 à 17:46 | Sujet : De l'aspect cathartique de parler et de jouer à FFVII.
Moi aussi j'ai tout lu (très bien écrit sois dit en passant), belle analyse.
Juste la fin qui me rebute, pourquoi faire une si belle analyse pour finir sur une note médiocre...
Justement, je trouve que ton analyse est à la limite du parfait et que Final Fantasy VII, de mon avis personnel, a fait de moi ce que je suis maintenant, un être qui comme dans ce jeu, lorsque je réfléchi dans ce vaste univers, tombe dans l'incompréhension de ce monde et se demande le pourquoi du comment...
Et c'est pourquoi, tous les jours, je remercie ce jeu, cette oeuvre d'art, de m'avoir fait passé dans tous mes états (du rire aux larmes) et tout simplement de m'avoir ouvert les yeux sur la vie.
Final Fantasy VII est et restera "le meilleur jeu de tout les temps"
François la sent-tu ?
Qui se glisse dans ton cul... la quenelle, la quenelleuuuuuuh !
LICRA la sent-tu ?
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Vive Dieudonné, Vive la Liberté, Vive la France
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Manuel du jeu


Posté le 13 janvier 2012 à 17:58 | Sujet : De l'aspect cathartique de parler et de jouer à FFVII.
J'aime bien aussi cette review et approuve globalement Acro dans son commentaire sur les reproches à faire.

Par contre, je n'ai pas compris ce que tu voulais dire par "le plus cohérent". En fait, je n'ai surtout pas compris ce la cohérence venait faire ici...
Bueno Dias! Ye m'appelle Inigo Montoya. Tou a toué mon père.
Prépare toua à mourir!
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BrosBeforeHoes
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Garde Shinra


Posté le 13 janvier 2012 à 18:21 | Sujet : De l'aspect cathartique de parler et de jouer à FFVII.
La cohérence est à mon sens l'intérêt principal du jeu et l'argument du refus des critiques dites "simples" sur un jeu : durée de vie, graphismes, bande son...

Là où le jeu se démarque des productions, c'est qu'il n'a rien d'artificiel. Il n'est pas le plus beau au monde, il n'est pas le plus coloré ni le plus photo-réaliste, mais il est le plus complet dans sa façon d'aborder une histoire.
C'est de la logique, c'est un jeu qui fait appel à la raison. Tout est construit en fonction de l'idée que veut véhiculer le jeu. En ça, il est cohérent. (Et pas dans le sens "réaliste", mais dans le sens où c'est un bloc pensé de bout en bout).

Quant aux mystères, FFVII propose des théories que l'on peut entrecouper. FFVIII, lui, propose plutôt des fantasmes de joueur. Le fait que Squall est mort à la fin du CD1, le fait que Squall soit mort au CD4, qu'ultimecia = Linoa, ce sont des supputations qui n'ont que très peu d'échos dans le jeu.
Pour les mystères de FFVII, ils sont à mon sens des mystères sans réponse possibles, pour ce qu'il reste en tout cas. Ce sont des faits de scénaristes, de programmeurs, qui n'ont pas à être expliqué ou ne le seront pas; ce n'est pas du fait du jeu, mais de changements dans son développement.

Le jeu, tel qu'il existe, est à mon sens fini, ou est tout proche de, et ce grâce à votre boulot à tous.

Enfin, pour la dernière note. Ce que j'ai voulu dire (mais j'ai écrit finalement ce texte comme il me venait), c'est qu'il n'était pas mon jeu préféré de tous les temps, car je distingue sur cette échelle le plaisir procuré (auquel cas je préfère NHL12 à FFVIII, enfin longue histoire) et la puissance intrinsèque du jeu.

Merci pour vos talkbacks en tout cas.
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